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Pourquoi refondre l'École de la République ?

 

   

 

| 1 | Un constat comme point de départ : une méconnaissance voire un rejet des valeurs de l'École républicaine qui gagne du terrain depuis le début des années 90 :


| 1.1 | Les valeurs de l'École républicaine :

| Les valeurs de l'École républicaine incluent la laïcité, la neutralité des enseignements, l’égalité de tous sans considération d’origine, de race, de religion ou de croyance, une stricte égalité entre les filles et les garçons, la conviction que l’émancipation de chacun passe par le savoir plutôt que par les dogmes, le respect mutuel entre tous les membres de la communauté éducative, ainsi que le crédit attaché à la parole de l’enseignant. C’est par la laïcité, première de ces valeurs, que l’école assure le vivre-ensemble sans distinction d’origine ou de confession religieuse.


 

| 1.2 | La méconnaissance voire rejet des valeurs de l'École républicaine :

C'est le rapport de commission d'enquête au Sénat N° 590 de M. Jacques GROSPERRIN, sur le fonctionnement du service public de l'éducation qui constate, une méconnaissance voire un rejet des valeurs de l'École républicaine dans des établissements scolaires. Ce processus, déjà diagnostiqué en 2004 par le rapport "Obin« détériore le climat scolaire [...] Dans de nombreux établissements, il banalise subrepticement de nouvelles attitudes et de nouvelles représentations produisant des effets délétères tout au long de l'année : refus d'assister à certains cours ou activités scolaires ou périscolaires, revendications identitaires au travers de tenues vestimentaires [...] contestation systématique de certains contenus d'enseignement, comportements sexistes ou discriminatoires entre les élèves [...] propos racistes, antisémites, refus de la mixité [...] mise en cause de la légitimité des professeurs à intervenir sur certaines questions, etc... ».

 

 

|| Comment explique-t-on la méconnaissance voire le rejet de l'École républicaine ?


| 2.1 | Un lien entre École et transmission des valeurs républicaines qui se délite depuis plus d'un demi-siècle :

| Conçue dès son origine - au début des années 1880 -, comme le premier vecteur de la formation des citoyens, l'École républicaine a toujours eu pour mission de transmettre les valeurs du socle républicain. Sous la Troisième République, un cours d'instruction morale et civique est instauré par la loi du 22 mars 1882 relative à l'enseignement primaire obligatoire. Par la suite, les programmes scolaires conservent, sous la Troisième République et dans l'après-guerre, un enseignement moral et civique, dont le périmètre et les objectifs évoluent néanmoins au gré des exigences républicaines. Les programmes de 1923, puis ceux de 1938, conservent l'instruction morale et civique définie quarante ans plus tôt. Dans l'après-guerre, après la parenthèse vichyste, les programmes de 1945 réinstaurent un enseignement moral et civique, avec le souhait de refonder les valeurs de la République bafouées sous l'Occupation. L'instruction morale et civique est étendue à l'enseignement primaire et au lycée, et l'accent est mis, à partir de cette période, sur des pédagogies d'apprentissage plus actives. Mais, dès les années 60, au moment des "Trente Glorieuses", l'objectif de formation morale et civique passe au second plan pour être supprimé à compter de 1975. En réponse à la crise scolaire du début des années 80, Jean-Pierre Chevènement, Ministre de l'Éducation nationale, réinstaure en 1985, au primaire et au collège, un enseignement d'éducation civique, avec un horaire dédié, orienté vers l'apprentissage du vivre ensemble et la formation du citoyen. Mais en abandonnant la dimension morale qui avait marqué l'instruction civique de la Troisième République. Du coup, pour y remédier, en 1999, est introduit un enseignement d'éducation civique, juridique et sociale - E.C.J.S - au Lycée. Puis les programmes d'éducation civique seront également renforcés en 2008, au primaire, avec la mise en place d'une "Instruction Morale et Civique"

 

| 2.2 | L'Éducation nationale, une institution qui a perdu une partie de sa conscience de soi depuis une trentaine d'années :

| L'École a toujours eu pour mission première de transmettre les valeurs de la République. « Nous avons progressivement pris la mesure de la déshérence dans laquelle avait été laissée la capacité des professeurs et des personnels de l'éducation nationale à transmettre les valeurs de la République [...] Ensuite - plus inquiétant - on constate, certifie M. Abdennour Bidar, lors de son audition au Sénat dans le cadre de la commission d'enquête sur le fonctionnement du service public d'éducation, un relativisme généralisé. Beaucoup de nouveaux professeurs ne sont pas immédiatement convaincus qu'ils ont à transmettre ces valeurs, alors qu'il s'agit de la mission première de l'École ». C'est une perte « du sens de l'institution, de ce qu'implique déontologiquement leur métier », poursuit-il. « Faire partager ces valeurs, ajoute Mme Laurence Loeffel, inspectrice générale de l'éducation nationale, dans son audition du 09 avril 2015, dépend de la capacité des enseignants eux-mêmes à les faire vivre et à les prendre au sérieux. Or, on a assisté, depuis une trentaine d'années, à une désaffection, voire à une désaffiliation des enseignants à l'égard des valeurs de la République, que l'école a pourtant toujours eu pour objectif de faire partager. Pour toute une frange d'enseignants, l'adhésion aux valeurs de la République ne va plus de soi. Cela ne fait plus partie de leur ADN, ainsi que l'ont souligné de nombreux observateurs [...] »

 

| Ce constat choc sonne le glas : « Il impose, admet M. Jacques GROSPERRIN dans son rapport de commission d'enquêteune reprise en main énergique des dispositifs au travers desquels les futurs enseignants intégraient cette mission essentielle et acquéraient les savoirs et les compétences indispensables à une bonne transmission des valeurs de l'école républicaine ».

 

 

 

|| Les mesures engagées pour pallier aux défaillances du mode de transmission des valeurs républicaines par l'École :


| L'État, tirant les leçons de l'échec de l'instruction civique pratiquée au cours des dernières décennies et constatant qu'il y a une urgence durable, a clairement décidé de remettre les principes, valeurs et symboles de la République au cœur de l'apprentissage scolaire dans le cadre de la loi d'orientation et de refondation de l'École. Afin de remettre au premier plan et dans la pratique cet enseignement :


 

| 3.1 | Une pédagogie des principes, valeurs et symboles de la République est mise en place en direction :

des personnels eux-mêmes : à l'échelle nationale, un plan de formation continue des enseignants et des personnels d'éducation est engagé pour les aider à aborder ces questions avec discernement auprès des apprenants. Le ministère agira en collaboration étroite avec les Écoles supérieures du professorat et de l'éducation - Éspé - afin d'assurer, de façon homogène sur le territoire, la capacité pédagogique des professeurs à transmettre les valeurs de la République ;


• des élèves par le biais d'un enseignement adapté à la compréhension de chaque niveau de classe. L'idée étant que chaque chaque élève puisse connaître, comprendre, s'approprier, respecter et partager ces principes. Un parcours éducatif, "Le parcours citoyen", a lui aussi été mis en place à la rentrée de septembre 2015, de l'école élémentaire à la terminale, notamment autour d'un enseignement "Moral et Civique" - E.M.C. Il remplace l'ancienne éducation civique, juridique et sociale - ECJS -, dont la capacité à offrir une pédagogie des valeurs de la République a été jugée insuffisante.

 

| 3.2 | L'affichage d'un dispositif comprenant trois éléments :

| La devise de la République et les drapeaux français et européen ; la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 et la Charte de la laïcité à l'École doivent être apposés dans les écoles, collèges et lycées publics et privés sous contrat. L'objectif étant de matérialiser ces mesures, et par là même, de manifester ostensiblement les symboles et valeurs républicaines pour contribuer à développer un sentiment fort d'appartenance.

 

| Ce nouvel enseignement marque le passage d'une logique de transmission à une logique d'appropriation et d'adhésion libre et raisonnée à un socle de valeurs communes.

 

 

 

|| Les objectifs :


| 4.1 | Faire revenir la République dans l'École :

« Il s'agit de dire et de redire, déclare Françoise Dumas, que l'École est dans la République et qu'elle doit former de futurs citoyens responsables. Mais il s'agit d'affirmer aussi que la République est dans l'École et que ses principes doivent y régner, afin que chaque élève, que chaque membre de la communauté éducative puisse trouver respect et considération »→ Cf. Françoise Dumas, Assemblée nationale, "Compte rendu intégral 2 ème séance du lundi 03 juin 2013" , "Article 3 ter".


 

| 4.2 | L'École forme les citoyens de demain. Et demain, ce sont eux qui devront porter puis transmettre, à leur tour, l'importance de la conscience des principes, valeurs et symboles de la République :

| L'École a une responsabilité toute spécifique vis‐à‐vis des principes, valeurs et symboles de la République. Elle accueille des enfants et des adolescents qu'il faut aider, avec discernement, à comprendre, le sens, le bien-fondé et les enjeux de ces principes. L’École est le lieu de la République où ses valeurs et principes fondateurs doivent assurer leur avenir. L’École forme les citoyens de demain. Et demain, ce sont eux qui devront porter et transmettre, à leur tour, la conscience de l’importance de ses principes pour la solidarité de la société autour de son socle commun : laïcité, liberté, égalité et fraternité. C’est pourquoi il est capital que la République assure le respect de ses principes dans les établissements scolaires. Elle demande à l’École non seulement de transmettre ces principes pour l’avenir, mais aussi de les garantir et de les faire vivre avec une vigilance toute particulière dans ses établissements.


 

| 4.3 | Une École qui porte haut les valeurs, principes et symboles de la République afin de favoriser le sentiment d'adhésion et d'appartenance :

| « En prévoyant d'apposer sur la façade des établissements, la devise de notre République, notre drapeau tricolore et celui de l'Union européenne, cet amendement peut paraître superflu. Il n'en est rien ! Ces symboles, nous en sommes fiers, nous les avons faits nôtres au fil de notre Histoire, parfois au prix du sang et des larmes, dans des combats que certains ont payé de leur vie. Par cet article, nous montrons que l'école est dans la République et que la République est dans l'école. Avec cet article, ce sont nos valeurs, nos symboles que nous affichons fièrement et que nous transmettons aux jeunes générations, afin qu'elles sachent, qu'elles se souviennent, qu'elles n'oublient pas. Le drapeau français d'abord ; le drapeau européen ensuite, représentant la solidarité et l'union entre les peuples d'Europe, symbole de bâtir une paix durable et d'en finir avec les guerres incessantes qui ont jalonné l'histoire de notre continent ; notre devise, enfin, "Liberté, Égalité, Fraternité", issue de la Révolution française, définitivement adopté par la III ème République, et qui confère les mêmes droits et devoirs aux citoyens; indépendamment de toute  considération sociale et matérielle ». Cf. Roland Courteau, Sénat"Compte rendu intégral de la séance du 25 juin 2013".